D’une idée à une société à mission : la création officielle de BuddyWorkers

Le 02.10.2024 par Gaëtan | ⏰ 2 minutes de lecture

Photo de Gaëtan, fondateur de BuddyWorkers

Cet article est un retour d'expérience un peu spécial et plus personnel que d'habitude. Il retrace les différentes étapes de la création de BuddyWorkers. Du premier déclic jusqu'à la concrétisation de ce projet en une entreprise à mission, je vous partage ici les obstacles rencontrés et les décisions prises pour lancer cette aventure entrepreneuriale.

Je vous souhaite une excellente lecture !

Sommaire

  1. Une envie d'entreprendre
  2. L'idée : Comment tout a commencé
  3. Pourquoi avoir attendu 9 mois pour créer BuddyWorkers ?
  4. Choix du statut : une décision stratégique pour la création d'entreprise
  5. Le dépôt de la marque à l'INPI : une étape clé pour protéger l'identité de l'entreprise
  6. Créer officiellement BuddyWorkers : l'obtention du KBIS et la naissance légale de l'entreprise
  7. Les galères du guichet unique : un parcours semé d'embûches
  8. Bilan financier : combien coûte la création d'une entreprise ?

1. Une envie d'entreprendre

Depuis 6 ans, j'accompagne des entreprises de toutes tailles et de divers secteurs dans leurs problématiques liées au carbone et au climat. Cette expérience m'a permis de développer une vision globale des enjeux environnementaux tout en m'interrogeant sur la manière dont je pouvais contribuer davantage en tant qu'entrepreneur.

Après une année d'expatriation en Colombie, le retour en France m'a donné l'impulsion de monter mon propre projet et de créer une entreprise avec un impact positif. Mon objectif était clair : bâtir une structure qui me permette d'investir dans mon propre actif tout en créant de la valeur pour la communauté. C'était le début de mon aventure entrepreneuriale.

Pour concrétiser cette ambition, je savais qu'il fallait acquérir de nouvelles compétences. C'est pourquoi j'ai décidé de me former en développement web. En octobre 2023, alors que l'Intelligence Artificielle (IA) commençait à transformer tous les secteurs d'activité, j'ai intégré un bootcamp intensif de deux mois au Wagon Bordeaux. Et bien que le no-code soit de plus en plus populaire, j'ai préféré apprendre à coder pour maîtriser les fondations technologiques de mon futur projet. Un peu comme apprendre à cuisiner plutôt que d'utiliser un robot culinaire.

Note : Il ne s'agit pas de dénigrer le no-code ou d'autres solutions technologiques. Mais savoir coder et comprendre les bases du développement est, à mon sens, une compétence précieuse, même si nous avons des outils qui automatisent certains processus.

2. L'idée : Comment tout a commencé

La genèse de BuddyWorkers est partie d'un constat personnel. Lors d'une pause-café entre deux sessions de code, j'expliquais à Alizée Vallat, l'une des professeures du Wagon, que je travaillais souvent avec des amis chez moi ou chez eux. Cela me permettait de rompre la solitude qui accompagne souvent la vie de freelance.

Pourquoi ne pas répliquer ce modèle et l'étendre à tous les freelances et entrepreneurs ? À cet instant, l'idée du coworking à domicile est née.

Ampoule représentant l'idée

C'est ainsi que la première pierre de BuddyWorkers a été posée : une plateforme de coworking qui réinvente les codes en permettant aux professionnels de se rencontrer et de collaborer depuis le confort de leur domicile.

3. Pourquoi avoir attendu 9 mois pour créer BuddyWorkers ?

Nous sommes en janvier 2024. Après avoir mûri l'idée de BuddyWorkers pendant les fêtes, j'étais prêt à transformer ce concept en entreprise tangible. Pourtant, il aura fallu patienter 9 mois supplémentaires avant de pouvoir formaliser la société. Mais pourquoi tant d'attente ?

Cette période d'attente n'a pas été une phase d'inactivité, bien au contraire. Voici ce que j'ai accompli durant ces 9 mois de réflexion :

  • Étude de marché : J'ai obtenu plus de 100 réponses en utilisant Tally, un outil de sondage bien plus ergonomique que Google Forms.
  • Développement d'un MVP : J'ai construit un Minimum Viable Product (MVP) complet tout en continuant à approfondir mes compétences en développement web.
  • Réseaux sociaux : J'ai affronté ma peur de poster sur les réseaux sociaux, essentiel pour accroître la visibilité de mon projet.
  • Premiers événements : J'ai organisé un premier apéro coworking, ce qui m'a permis de rencontrer des potentiels utilisateurs.
  • Identité visuelle : J'ai développé l'identité visuelle de BuddyWorkers.
  • Test d'outils numériques : J'ai testé et intégré différents outils comme La Growth Machine, Brevo, Notion, et Lemcal pour optimiser la gestion du projet.
  • SEO et référencement : J'ai acquis les rudiments du SEO, que ce soit pour la rédaction de contenu ou pour le SEO programmatique afin de mieux positionner BuddyWorkers sur les moteurs de recherche.
  • Tests utilisateurs : J'ai accueilli les premiers BuddyWorkers à la maison pour tester le concept et recueillir leurs retours.
  • Constitution d'un réseau : J'ai pris l'habitude de rencontrer une nouvelle personne chaque semaine, qu'il s'agisse de freelances, d'entrepreneurs, ou de personnes intéressées par le coworking à domicile.
  • Continuer mes missions de conseil : Pour sécuriser ma stabilité financière et financer les premières dépenses de BuddyWorkers, j'ai poursuivi mon activité de conseil sur les sujets liés au carbone et au climat auprès de clients comme SNCF, Décathlon, Equans, l'imprimerie ICN ou encore Côté Sushi.
BuddyWorkers après 9 mois

Pendant cette phase, j'ai mis l'accent sur la création de la première version de la plateforme, la création de contenu pertinent, la constitution d'un réseau professionnel, et l'interaction avec les premiers membres de la communauté.

4. Choix du statut : une décision stratégique pour la création d'entreprise

Nous sommes désormais en septembre 2024 et je suis décidé que cette rentrée est le bon moment pour officialiser la naissance de BuddyWorkers. Le choix du statut juridique est l'une des premières étapes clés pour tout entrepreneur souhaitant formaliser son projet. Mais comment choisir le bon statut parmi les différentes options disponibles ? Faut-il opter pour une SARL (Société à Responsabilité Limitée), plus adaptée pour les petites structures, ou une SAS (Société par Actions Simplifiée), offrant plus de souplesse en termes de gestion ?

Dans le cas de BuddyWorkers, le choix s'est naturellement porté sur la SAS. Pourquoi ? La SAS est réputée pour sa flexibilité administrative et la souplesse qu'elle offre aux investisseurs potentiels. De plus, elle permet une grande liberté dans la rédaction des statuts et dans l'organisation interne. Ce statut est particulièrement intéressant pour les startups qui souhaitent évoluer rapidement, s'associer ou lever des fonds à court ou moyen terme.

Mais au-delà du choix de la SAS, il était essentiel pour moi de définir la raison d'être de BuddyWorkers. Après neuf mois de maturation, j'ai pu formaliser cette vision dans les statuts de l'entreprise : dynamiser la vie professionnelle des indépendants et entrepreneurs par les rencontres, la collaboration et l'innovation sociale.

BuddyWorkers ne serait pas une simple société, mais une société à mission. Cela signifie que l'entreprise s'engage sur des objectifs sociaux et environnementaux en plus de ses objectifs économiques. Concrètement, être une société à mission signifie que toutes les actions de BuddyWorkers doivent être alignées avec sa raison d'être. Cela implique une gestion plus éthique et plus responsable, en cohérence avec les valeurs fondatrices du projet.

Peu importe le développement de BuddyWorkers dans les mois et années à venir, BuddyWorkers ne proposera donc jamais de prendre l'avion pour un séjour de 10 jours de coliving au Kenya ou sur les plus belles plages d'Amérique Latine.

Pourquoi cette décision ? Parce qu'il est primordial pour moi d'entreprendre avec du sens, et non pas uniquement pour le profit. Avoir une raison d'être claire permet de rester focus, même face aux difficultés. Cette raison d'être sert de boussole, me rappelant chaque matin pourquoi BuddyWorkers existe.

5. Le dépôt de la marque à l'INPI : une étape clé pour protéger l'identité de l'entreprise

Le dépôt de la marque est une étape essentielle pour sécuriser l'identité de votre entreprise. La marque représente bien plus qu'un simple nom ; c'est l'ADN de l'entreprise, sa carte de visite auprès du public et des partenaires.

Logo de l'INPI

Pour la petite histoire, j'ai souvent eu des idées de noms un peu bancales dans mes idées projets précédents. Mais lorsque BuddyWorkers est né dans ma tête, j'ai immédiatement su que c'était un choix plus correct. Après en avoir parlé autour de moi, j'ai remarqué que tout le monde adhérait au nom, le comprenait et ne cherchait même pas à le remettre en question. Un relatif consensus qui m'a convaincu qu'il fallait acquérir le nom de domaine et surtout protéger la marque.

Je me suis donc dirigé vers le portail des marques sur le guichet unique de l'INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) pour déposer la marque BuddyWorkers. Ce processus est indispensable pour garantir l'exclusivité de son usage et se prémunir contre toute usurpation potentielle.

Les étapes du dépôt de marque :

  1. Choisir les classes de protection : Une marque peut être protégée sur des classes spécifiques de produits et services. Pour BuddyWorkers, j'ai choisi de protéger la marque sur trois classes distinctes.
  2. Coût du dépôt : Le coût est de 190 € TTC pour la première classe, et 40 € par classe supplémentaire. Cela m'a permis de couvrir les classes stratégiques pour les activités de BuddyWorkers tout en restant raisonnable sur le budget.
  3. Validation : Une fois la demande approuvée, il faut attendre deux mois pour que d'éventuelles oppositions puissent se manifester. Si aucune contestation n'a lieu, la marque sera officiellement enregistrée.

À noter que dès que vous déposez votre marque, c'est la date de dépôt qui fait foi. Si une personne souhaite utiliser le même nom et se positionner sur les mêmes classes, cela sera impossible grâce à l'antériorité de votre dépôt.

6. Créer officiellement BuddyWorkers : l'obtention du KBIS et la naissance légale de l'entreprise

Après le dépôt de la marque à l'INPI, il ne restait qu'une dernière étape avant d'obtenir le précieux KBIS, le document officiel qui marque la naissance de l'entreprise. Ce sésame indispensable permet de rendre l'existence de l'entreprise visible aux yeux de l'administration et de démarrer les activités commerciales.

Lors d'événements de networking et de discussions avec d'autres entrepreneurs, j'ai rencontré plusieurs prestataires qui pouvaient m'accompagner dans ces démarches administratives. J'ai notamment croisé la route de Numbr, un cabinet d'experts-comptables spécialisé dans l'accompagnement à la création d'entreprise et dans la gestion comptable tout au long de la vie de la société.

Je prends rendez-vous sur Bordeaux et, si le contact est très bien passé, il s'avère que leurs services n'étaient pas adaptés à mon besoin. Je souhaitais avant tout optimiser les coûts de création et, à ce stade, je n'ai pas le besoin urgent de payer un comptable dès le départ.

Je me suis donc tourné dans un second temps vers Swapn, une solution en ligne tout-en-un qui propose de créer son entreprise gratuitement. Je me suis lancé dans ce parcours qui semblait cocher toutes les cases nécessaires : préparation du projet de statuts, dépôt de capital… jusqu'à ce que j'identifie une limitation majeure. Les statuts proposés par Swapn ne sont pas modifiables.

Qui dit statuts non modifiables dit impossibilité d'ajouter des clauses spécifiques, comme le paragraphe lié à la raison d'être et les objectifs environnementaux et sociaux.

En tant qu'associé unique sur cette création d'entreprise, j'ai décidé de monter le projet de création seul, en m'appuyant sur des ressources en ligne. Le site Le Coin des Entrepreneurs s'est avéré être une mine d'or pour les guides pratiques et les conseils étape par étape : je vous recommande particulièrement cet article, le paragraphe du M0 étant désormais caduque et remplacé par les formalités sur le guichet unique de l'INPI depuis le 1er janvier 2023.

Voici comment j'ai procédé :

  1. Rédaction des statuts : J'ai utilisé des templates trouvés en ligne, que j'ai modifiés pour y inclure les objectifs de société à mission. Après une relecture attentive, j'ai intégré la raison d'être de BuddyWorkers et ses engagements sociaux et environnementaux.
  2. Choix de la domiciliation : En tant que locataire, j'ai choisi de passer par une entreprise de domiciliation pour éviter de changer l'adresse du siège social en cas de déménagement. Prix pour la domiciliation : 288 € TTC par an.
  3. Dépôt de capital : J'ai opté pour Qonto pour déposer les fonds de départ (1000 €) et gérer le compte bancaire professionnel. Coût de cette formalité : 82,80 € TTC.
  4. Publication d'un avis de constitution : J'ai publié l'annonce légale dans le Journal Sud Ouest / Édition de la Gironde pour un coût de 167,68 € TTC. Ce processus est nécessaire pour officialiser la création de la société aux yeux du public.
  5. Enregistrement au guichet unique : Dernière étape, mais non la moindre, la soumission de l'ensemble des documents au guichet unique. Cette procédure, bien que théoriquement simple, s'est révélée être un véritable casse-tête !

7. Les galères du guichet unique : un parcours semé d'embûches

Le dossier, d'abord validé par l'INSEE, a ensuite été transmis au greffe de Bordeaux. C'est là que les choses se sont compliquées. Le greffe m'a demandé de corriger quelques éléments, notamment des dates incohérentes (la date de signature des statuts devant être postérieure au certificat du dépôt de capital). Mais ce n'était que le début.

Soudain, la machine s'enraye ! Impossible de soumettre une correction sur le guichet unique. Un message d'erreur cryptique apparaît : "Une erreur s'est produite lors de la modification de la formalité : L'établissement d'identifiant 1727175554940 doit contenir un SIRET". J'ai tout essayé : astuces techniques, fouille dans la console, appels répétés à l'assistance. Chaque conseiller me donnait une version différente de la solution à apporter.

Capture d'écran de la formalité bloquée

Retour à la case départ

Face à cette impasse, je n'ai pas d'autre choix que de recommencer depuis le début. Je refais le dossier intégralement, repaye les 55,93 € de frais, et le renvoie avec un mélange d'espoir et d'appréhension.

Mais rien à faire, le problème persiste obstinément, mettant à rude épreuve mes nerfs et les limites de ma patience. Après plusieurs soumissions et de longues semaines d'attente...

Enfin, la délivrance !

Le 1er octobre 2024, le précieux KBIS arrive enfin dans ma boîte mail, marquant officiellement la naissance de BuddyWorkers.

Image du KBIS

Bien que ces frais aient été remboursés par la suite, cette expérience m'a donné un aperçu concret de la complexité administrative inhérente à la création d'une entreprise. Malgré les obstacles rencontrés, cette épreuve a renforcé ma détermination à mener à bien le projet BuddyWorkers.

Bilan financier : combien coûte la création d’une entreprise ?

Détail des coûts de création de l'entreprise

  • Dépôt de la marque à l'INPI 270,00 €
  • Domiciliation de l'entreprise 288,00 €
  • Dépôt de capital (Qonto) 82,80 €
  • Publication dans le journal 167,68 €
  • Frais d'enregistrement au guichet unique 55,93 €
Total 864,41 €

Si la publication dans le journal et les frais d’enregistrement sont incompressibles, vous pouvez faire le choix de ne pas protéger la marque de suite, domicilier votre entreprise à votre domicile pour limiter les premiers frais. Certains partenaires offrent également le dépôt de capital (généralement dans un package tout-en-un avec la création des statuts…).

En conclusion, j’aurais pu déléguer la création de l’entreprise, mais je suis finalement satisfait d’avoir pu expérimenter tout ce processus moi-même. Comme dirait Paul Graham : "Do things that don’t scale." Il paraît que cela permet de construire des bases solides.

L’avenir le dira. De mon côté, je mets tout en œuvre pour vous proposer la meilleure expérience qui vous permettra de faire de belles rencontres professionnelles autour de chez vous.